Le brigand repentant
Introduction :
Richard Havercamp, un missionnaire assez connu aux Pays-Bas et en Belgique, disait aux jeunes convertis « vous avez le choix entre la crucifixion et le baptême », ceci en référence au brigand sur la croix... seul chrétien non baptisé dans la bible... En principe, ils préfèrent 2ème solution... derrière la boutade, il y a le rappel de l’exemple d’un homme qui n’a vraiment pas pu faire la moindre bonne action pour mériter son salut ni rembourser la grâce reçue...
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1. attitudes face à la croix
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2. sermon du brigand sur une croix
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3. le roi sur la croix
1. Attitudes face à la croix :
Prenons juste le temps de situer le contexte psychologique des personnes présentes, leur état d’esprit. Nous constatons tout de suite que la croix ne laisse jamais personne indifférent, elle oblige chacun à se positionner, à dire ou faire quelque chose. Chefs juifs incrédulité, moquerie. femmes pleurs disciples fuite, déception brigand révolte autre brigand repris dans sa conscience Plus tard, Nicodème et Joseph, des disciples en secret se montreront au grand jour, devant les autorités. Face à la croix , la neutralité est impossible. Par exemple, ce 1er brigand qui insulte Jésus, est-ce un comportement normal ? A qui pourrait-il s’en prendre ? A ceux qui l’ont condamnés, bien sûr, à ses juges, à ses bourreaux, aux Romains, aux juifs... mais pourquoi s’en prendre à ce compagnon d’infortune, torturé comme lui ?
Parce que « Face à la croix, il n’y a pas de neutralité possible ». La croix condamne c’est pourquoi son message est rejeté, car la conscience est toujours interpellée. La croix pardonne n’oublions pas que cet homme vient aussi d’entendre Jésus dire : « pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font », Quoi ? Nos bourreaux pardonnés, ah non pas de çà. Quoi moi aussi pardonné ? Mais j’ai rien fait moi ! et puis de quoi je me mêle ! et puis un pardon gratuit, c’est trop simple, trop facile, non impossible je refuse.
Pourquoi ce 1er brigand s’en prend-il à Jésus ? Parce que « Face à la croix, il n’y a pas de neutralité possible ». Même devant l’évidence du jugement, de l’amour et du pardon, l’incrédule à la liberté de choisir, et de crier :
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sa révolte,
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son refus de reconnaître le Roi.
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son refus du pardon.
2.Le sermon d’un brigand :
Nous sommes habitués à écouter des prédications faites par des hommes bien élevés, instruits, ayant étudiés la théologie ... et pourtant nous avons tous beaucoup à apprendre de la prédication de ce « gibier de potence », et il vaut la peine de s’y arrêter.
D'abord, la prière de Jésus va être un puissant témoignage pour ce brigand. Alors que l'on sait qu'il insultait, comme l'autre, le Seigneur, il va être ébranlé par cette prière et comprendre qui est sur la croix voisine.
a)La première partie de la phrase dit :
« ne crains-tu pas Dieu ? ». Cette parole cache un grand sentiment d’épouvante : ce brigand a compris que Dieu était réellement présent, qu’il maîtrisait parfaitement la situation, et que ce qui arrivait était dans sa volonté. Et qu’il était un juge incorruptible.
On a demandé un jour à quelqu’un : « que manque-t-il à la plupart de nos prédications ? », et cette personne a répondu : « il manque la peur que le prédicateur et sa paroisse pourraient finir en enfer ! ».
C’est vrai que les excès des sectes apocalyptiques et de leurs hérésies sur les jugements de Dieu et la fin des temps nous incitent à être très mesurés dans nos propos, mais peut-être tombons-nous dans l’excès inverse.
« Ne crains-tu pas Dieu ? » C’est ce qu’on devrait crier sur les toits de nos villes et de nos villages. C’est ce qu’on devrait demander aux menteurs, aux adultères, aux irréconciliables... à toutes les personnes de notre génération : « et toi, ne crains-tu pas Dieu ? ».
C’est ce que nous devrions nous demander quand parfois nous confondons liberté chrétienne et égoïsme, repos de la foi et indifférence, joie de la foi et insouciance : « et toi, ne crains-tu pas Dieu ? ».
b) La deuxième partie de cette surprenante prédication dit :
« pour nous, notre condamnation est juste, car nous recevons ce qu’on mérité nos crimes ». C’est inouï ! Un homme a le courage de dire : « je suis un pécheur devant Dieu et j’ai mérité son jugement ». De tels gens sont très rares. Nous avons pris l’habitude de trouver une excuse pour chacune de nos fautes, même les pires. L’incroyant dit : « les chrétiens m’ont déçus ». L’adultère dit : « mon conjoint ne me comprend plus ». Le menteur dit : « les lois sont mal faites ». Le querelleur dit : « c’est l’autre qui a commencé ». Et le voleur dit « qu’il est soumis à la cleptomanie ». Quel message que celui où le prédicateur déclare : « j’ai péché ! ». Non pas lui, moi. Lui, l’autre, il n’a rien fait de mal, c’est moi le responsable et c’est moi le coupable. Moi j’ai péché. Pour un malfrat qui n’a jamais ouvert une bible de sa vie, chapeau, quel message ! Et c’est pas fini.
c) La troisième partie dit : « celui-ci n’a rien fait de mal ». En fait quels sont juridiquement les actes de condamnation ? Pour ces 2 malfaiteurs, çà doit être :brigandage, vol, meurtres, révoltes ou quelque chose comme ça.
Et pour Jésus ? On n’a pas pu retenir contre lui le plus petit délit, même les faux témoins n’arrivaient pas à se mettre d’accord. Alors pourquoi le condamner ? ... parce qu’il est roi. Louis XVI aussi a été condamné simplement parce qu’il était roi, mais lui en cherchant un peu, on pouvait trouver des erreurs dans sa gestion du pouvoir. Mais pour Jésus rien d’autre : le tribunal juif n’a rien trouvé d’autre, le tribunal romain n’a rien trouvé d’autre. Jésus est crucifié parce qu’il est le roi du peuple de Dieu. Roi reconnu de tous et roi rejeté par tous.
Il y a parfois sur nos chemins de luttes, de souffrance, d’incompréhension et de détresse, des titres glorieux qui sont lourds à porter : chrétien, ambassadeur du royaume de Dieu, messager de l’Evangile, des titres que nous cachons pour nous faire accepter de la société, pour que l’épreuve soit moins lourde. Jésus, lui, a refusé de minimiser son rôle et sa fonction, quoiqu’il lui en coûte. Il est le roi du peuple de Dieu, et il l’assume, le roi d’un royaume où les principes de gestion et de gouvernements vont à contre courant de ceux que nous connaissons, celui où le chef est celui qui se donne.
D’ailleurs :
•Les juifs l’ont accueilli en roi le jour des rameaux, prophétisant à leur insu sur son règne.
•Leurs chefs l’ont reconnu comme tel, prophétisant à leur insu en disant qu’il devait mourir pour le bien du peuple. C’est la définition du roi selon le cœur de Dieu.
•Pilate affirme sa royauté, entrant à son insu dans le plan même de Dieu. D’ailleurs quand les chefs religieux viennent lui faire rectifier l’acte de condamnation (Jean 19 :21) : « N'écris pas: Roi des Juifs. Mais écris qu'il a dit: Je suis roi des Juifs. Pilate répondit: Ce que j'ai écrit, je l'ai écrit ». Jésus n’est donc pas condamné par ce qu’il a dit, mais par ce qu’il est.
•Et enfin ce brigand, qui tout à fait conscient, prophétise qu’un roi c’est fait pour vaincre et pour régner, et que Jésus-Roi va vaincre et va régner, que la mort ne pourra rien devant sa couronne. L’auteur de l’épître aux Hébreux exprime cette royauté par ce verset que l’on devrait tous connaître par cœur tant il est beau
Cette royauté de Christ, affirmée par des incroyants, prophétisée par des juifs, malmenée par les événements, omniprésente aussi bien dans la douloureuse condamnation de la croix que dans
l’éclatante victoire de la résurrection, cela me fait du bien parce que cela me démontre la parfaite maîtrise de Dieu sur tous les événements. Même les plus sanguinaires des dictateurs comme
Pilate ne peuvent échapper au plan de Dieu. Que cela nous rassure et nous réconforte, nous sommes et nous restons malgré les apparences dans sa bonne main.
3. (d) Le Roi sur une croix :
Enfin la quatrième et dernière partie de ce sermon d’un gibier de potence, certainement la plus extraordinaire : v.42 .
Qu’on ne vienne pas me dire que la repentance n’est pas la clé de la foi ! Sitôt après avoir reconnu ses crimes, cet homme peut voir dans ce Jésus crucifié un roi victorieux qui vient dans son règne. Quel regard de foi, quelle belle définition de la foi. Hébreux 11 :1 nous dit: « La foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas ».
Or s’il y a bien une chose qui ne se voit pas sur cette colline, c’est le règne de Jésus-Roi. Qu’est-ce que ce brigand a devant les yeux ? un crucifié comme lui, un corps disloqué perdant son sang.
Devant ce spectacle, les disciples de Jésus se sont enfuis, ou regardent de loin, déçus, convaincus de la défaite. Pour eux Jésus en croix, c’est la fin d’un beau rêve, c’est l’anéantissement de leur espoir d’un règne de gloire. Sur le chemin d’Emmaüs les disciples vont confier leur déception (Luc 24 :21)
Mais lui ce brigand, ce vaurien repenti, a ce regard de la foi qui lui permet d’affirmer : « Seigneur, quand tu viendras dans ton règne ! ». Il proclame en quelque sorte :
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tu vas être vivant, certitude absolue dans la résurrection,
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et tu es roi, et tu vas régner.
Paul définit la foi en disant (Rom.10 :9) : « Si tu confesses de ta bouche le Seigneur Jésus, et si tu crois dans ton coeur que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé », et c’est très exactement ce que ce brigand affirme, alors que Christ est mourant.
Comprenons-nous la force extraordinaire que la repentance a donné à la foi de cet homme ? Il est difficile d’imaginer situation semblable, mais on peut essayer . Imaginons un de ces
clochards qui traînent dans nos rues, pauvres loques, sales, rejets de notre société. Imaginez-vous engageant la conversation avec l’un d’eux, en surmontant votre dégoût, et lui disant :
« cher monsieur, quand très bientôt vous serez à la présidence de la République comme chef de l’état, j’espère que vous vous souviendrez du sale type que je suis ! ». Inimaginable,
grotesque même, non ?
Trouvons-nous dans nos livres d’histoire quelqu’un qui se soit approché du roi Louis XVI montant sur l’échafaud pour se faire trancher la tête, et qui lui ait dit : « mon roi souviens-toi de moi quand tu reviendra régner ». Bien sûr que non, c’est impensable.
Nous qui avons le privilège de pouvoir lire la bible, nous avons de merveilleux versets, comme Colossiens
2 :14-15 ! ! Mais ce brigand ne connaissait rien de tout cela.
Et pourtant ce brigand nous donne cette extraordinaire leçon de foi : la foi c’est ce ressort tout au fond de nous-mêmes qui nous permet, au cœur de la souffrance et de la détresse, alors
que Dieu ne semble pas être souverain des événements, alors que Jésus-Christ ne semble pas être vainqueur, mais que tout paraît perdu, sans espoir, la foi c’est ce ressort et ce réconfort qui
nous permet d’affirmer : « mon Seigneur et mon Dieu, Jésus-Christ tu es vainqueur, tu es ressuscité, tu es vivant, et tu règnes, je me confie en toi ».
La foi c’est ce ressort qui permet à Job, sur un autre chemin de souffrance que celui du brigand, dans une autre détresse que la vôtre peut-être aujourd’hui, de s’écrier du plus profond de son
incompréhension au chapitre 19 , verset 25)
A ceux qui souffrent parmi nous, ce brigand nous donne un exemple, celui du regard qui ne s’arrête aux circonstances visibles du présent (ce Jésus moribond sur la croix d’à côté) mais qui voit
Jésus-Christ victorieux, et qui peut lui dire : « ne m'oublie pas dans ton règne ».
Conclusion : Quel encouragement pour nous de savoir, par ce texte, que le premier soldat de l’armée du Seigneur de toute chose a été ce vaurien, ce torturé, ce repenti. Au moment où notre Seigneur remporte la victoire définitive sur la mort, au moment où il entre en vainqueur dans son règne de gloire, son armée n’est composée que d’un seul et unique soldat, ce vaurien brisé de douleur, ce brigand repenti. Certains trouvent peut-être que l’on a trop parlé de justice et de jugement, que l’image du roi pour parler du Seigneur est déséquilibré et qu’il y manque tout le côté « Amour de Dieu ». Mais non pas du tout, l’affirmation de l’amour de Dieu est justement là, dans ce privilège accordé à ce brigand, dans ce relèvement, dans cet honneur, dans cette mise en valeur de ce misérable qui ne méritait rien, qui ne revendiquait rien, et qui se retrouve réhabilité, promu compagnon d’armes du Seigneur des armées, notre bien-aimé Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.
Que cela soit un puissant encouragement pour chacun !