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NDLR: J. Lee Grady est l’éditeur du magazine pentecôtiste américain Charisma. Ses éditoriaux sont repris sur son blog Fire in my bones. Son dernier livre s’intitule « The Holy Spirit Is Not for Sale » (Le Saint-Esprit n’est pas à vendre).
Notre mouvement a fait naufrage avec son matérialisme, son orgueil : nous avons eu peur de dénoncer ces guignols
-J. Lee Grady
Dieu est en train de secouer Son église et d’en ôter la corruption. Mais nous en partageons la responsabilité pour avoir donné une estrade aux charlatans.
Pendant un temps, Al Capone contrôla tout Chicago. Ce célèbre gangster des années1920 avait corrompu le maire, acheté la police, et régnait comme un roi sur un empire de casinos, de bars clandestins, de commerce de contrebande. Pendant des années, il échappa à la mort, vécu au dessus des lois, et fut surnommé « l’intouchable » parce que personne ne pouvait le trainer devant la justice.
Avant qu’il ne soit finalement emprisonné en 1932, il justifiait ses crimes en disant : « Tout ce que je fais répond à la demande du public » Il n’avait pas conscience de sa responsabilité dans la souffrance qu’il causait, parce qu’il connaissait le maire, les policiers. Les chefs de la communauté et les trafiquants le soutenaient entièrement dans cette voie.
Je déteste comparer un ministre de Dieu à un gangster. Mais la triste vérité c’est qu’il y a aujourd’hui une poignée (peut être un peu plus) de prédicateurs véreux qui partagent certains des pires traits de caractère d’Al Capone. Leur cupidité est connue de tous. Ils sont passés maîtres dans l’art du mensonge et de la manipulation. Ils ont acheté leur voie dans la sous culture religieuse charismatique, et utilisent habilement leur pouvoir hypnotique pour contrôler la direction de la plupart des télés chrétiennes.
Et comme Al Capone, leurs jours sont comptés. Bientôt la justice les rattrapera.
Ces faux prophètes ont très certainement commencé avec un véritable appel de Dieu, mais la réussite les a détruits. Ils se sont détournés de la véritable foi à cause de l’argent et de la célébrité, et quand leurs ministères se sont mis à croitre comme des champignons, ils se sont compromis pour garder leurs belles structures. Maintenant au milieu de la Grande Récession, Dieu s’approche d’eux.
Mais avant de nous réjouir de voir ces imposteurs tomber de leurs chaires et disparaitre des écrans télés, appuyons sur pause et réfléchissons. Comment ces faux prédicateurs ont-ils pu acquérir une telle réputation ? Cela c’est produit parce que nous les avons aidés.
Nous avons été des benêts. Quand ils disaient “Si maintenant, vous donnez seulement mille dollars, le Seigneur vous promet une immense richesse » nous courions téléphoner et donner à coup de
carte de crédit. Que Dieu nous pardonne. Combien de non croyants ont rejeté l’évangile parce qu’ils ont vu l’église soutenir des charlatans?
-J. Lee Grady
Nous avons été aveugles. Quand ils disaient “J’ai besoin de votre offrande aujourd’hui, parce que je dois réparer mon avion privé » jamais nous ne sous sommes demandés pourquoi un serviteur de
Dieu n’était pas assez humble pour voyager en classe économique pour aller dans un pays du Tiers Monde.
Que Dieu nous pardonne.
Nous étions des fous. Quand il fut révélé qu’ils vivaient dans l’immoralité, maltraitant leurs épouses, ou peuplant les villes de leur progéniture illégitime, nous écoutions leur conseiller en communication au lieu de demander que les responsables de ministères agissent comme des chrétiens devraient le faire.
Nous étions naïfs. Quand ils ont demandé deux millions de dollars de dons supplémentaires à cause d’un budget trop juste, nous n’étions pas à l’aise pour demander pourquoi ils avaient besoin d’une suite à 10 000 dollars la nuit. En fait, si nous avions posé cette simple question, il s’en serait trouvé un parmi nous pour dire immédiatement :
« Ne critique pas ! La Bible dit « ne touche pas à celui que le Seigneur à oint ! »
Que Dieu nous pardonne.
Nous avons agi avec ces charlatans comme avec Al Capone, comme s’ils étaient intouchables. Et le résultat c’est que cette corruption s’est répandue dans les églises charismatiques comme une lèpre. Notre mouvement a fait naufrage, avec son matérialisme, son orgueil, son mensonge, son péché sexuel, parce que nous avons eu peur d’appeler ces guignols comme ce qu’ils sont vraiment : des égoïstes auxquels il ne faut pas se fier, affectivement instables.
Si nous avions appliqué le discernement biblique, il y a bien longtemps que nous aurions mis fin à cette pagaille. Nous n’avons aucun moyen de savoir combien de non-croyants ont rejeté l’évangile parce qu’ils ont vu l’église soutenir des charlatans qui se pavanaient, se vantaient, mentaient, flattaient, trompaient, volaient et qui en pleurant noyautaient nos vies de leurs erreurs, tandis que nous ne faisions qu’applaudir et leur donner de l’argent.
Quand des chrétiens bien intentionnés citent 1 Chroniques 16 :22 (« Ne touchez pas à mes oints, et ne faites pas de mal à mes prophètes! ») pour couvrir la corruption ou le charlatanisme, ils font une terrible injustice aux Ecritures. Ce passage ne nous demande pas de rester tranquillement assis quand un responsable abuse du pouvoir ou trompe le peuple.
Au contraire, nous sommes appelés à dénoncer le péché dans un esprit d’amour et de vérité, et si nous permettons aux Al Capone charismatiques de notre génération de corrompre l’église, ce n’est pas d’amour dont nous faisons preuve.