Certains les appellent révérend, prédicateur ou docteur. Mais notre Seigneur Jésus a choisi de n’être connu que par un seul titre pendant qu’il était sur terre : le bon berger (cf. Jean 10 : 11, 14).
Celui qui est décrit comme le berger qui fut frappé (Zacharie 13 : 7) est devenu notre berger et le gardien (évêque) de nos âmes (1 Pierre 2 : 25), le grand berger des brebis (Hébreux 13 : 20) et le souverain pasteur (1 Pierre 5 : 4).
Le Seigneur est un berger fidèle (Psaume 23 : 1) ; il a fait don à son troupeau de bergers, ce terme étant le sens du mot pasteurs dans Éphésiens 4 :11 : « C’est lui qui a donné… les autres comme pasteurs ».
Le Seigneur a donné des bergers parce que son Église est le « troupeau de Dieu » (1 Pierre 5 : 2), et que « nous sommes son peuple, le troupeau de son pâturage » (Psaume 100 : 3).
La notion de pasteur/ berger peut sembler dépassée dans notre culture moderne, mais en réalité, le besoin d’un tel don dans l’Église ne s’est jamais autant fait sentir.
Le rôle du pasteur est d’abord interprété à la lumière des tâches visibles dont il s’acquitte (mariages, obsèques, baptêmes, consécration d’enfants, sainte cène). Il s’agit là d’éléments vitaux de la foi chrétienne.
Quand les pasteurs finissent par officier pour la forme en n’attachant plus d’importance au symbolisme, c’est qu’ils ont perdu de vue la signification plus profonde de leur vocation.
Je prendrai pour exemple le fait de reléguer la sainte cène en fin de culte comme un appendice ou un rajout quelconque sans conséquence.
Pour être efficace, le berger doit considérer sa mission dans les trois rôles essentiels qui lui incombe : (1) Être un modèle pour le troupeau, (2) assurer la protection du troupeau, et (3) nourrir le troupeau.
LE BERGER EN TANT QUE MODÈLE
Les épîtres pastorales (1 et 2 Timothée et Tite) sont le manuel du pasteur qui lui donnent toutes les instructions utiles quant à sa vie personnelle et sa conduite, et à l’exercice de son ministère envers le troupeau.
Le premier principe concernant celui qui entre dans ce ministère est qu’il est appelé à « Servir d’exemple à ceux qui croiront en lui » (1 Timothée 1 : 16).
Nous comprenons donc pourquoi Paul dira à Timothée :
« Veille sur toi-même et sur ton enseignement » (1 Timothée 4 :16), et ce dans cet ordre.
L’exactitude de sa façon de vivre et de sa conduite est donc tout aussi importante que l’exactitude de son enseignement et de sa prédication.
L’Église du premier siècle a reçu ces instructions :
« Nous vous demandons, frères, d'avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans le Seigneur et qui vous avertissent. Ayez pour eux la plus haute estime avec amour, à cause de leur œuvre » (1 Thessaloniciens 5 : 12-13).
Tout d’abord, celui qui dirige doit être connu comme étant spirituel, biblique, digne de confiance, mature, et éprouvé. Il doit être un exemple et un modèle dans sa vie personnelle, sa vie de couple, son foyer, son église et sa communauté.
Ces éléments sont soulignés succinctement dans cet autre texte de Hébreux 13 :7 :
« Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la parole de Dieu ; considérez l’issue de leur vie et imitez leur foi »
L’intention divine est que l’Église aie devant elle des exemples et des modèles conformes à l’enseignement biblique.
De tels modèles ne sont pas produits du jour au lendemain. Il faut du temps.
Paul rappelait à Timothée qu’il avait ouvert sa vie et son ministère au regard de tous ceux à qui il avait prêché l’Évangile (2 Timothée 3 : 10).
Deuxièmement, ceux qui doivent diriger ont besoin de gagner le respect et le soutien de l’église. Les croyants doivent pouvoir leur manifester « la plus haute estime avec amour » à cause du service qu’ils accomplissent en tant que bergers du troupeau.
Mais un tel honneur ne peut être consenti qu’à quelqu’un qui est connu du troupeau comme quelqu’un de fidèle et de conforme aux exigences de la Parole de Dieu dans sa vie et son ministère.
Les bergers qui n’acceptent pas que ceux qu’ils veulent voir les suivre les connaissent pour ce qu’ils sont, ne sont pas digne de leur estime, et donc de leur soutien ni de leur engagement. Cela s’applique autant aux enseignants qu’aux prédicateurs qui visitent nos églises et nos foyers, que ce soit par la radio, la télévision, ou quelque autre média.
Si nous voulons fonctionner conformément aux normes du Nouveau Testament, nous devrions pouvoir savoir ce qu’est leur vie, et pas seulement ce qu’ils veulent bien nous dire.
Quelle est leur situation familiale ?
Quelles sont leurs motivations ?
À qui rendent-ils des comptes concernant les fonds qu’ils collectent ?
Quel genre de personnes sont-ils hors du pupitre ?
Dans quelle mesure leur vie est-elle fidèle à l’enseignement biblique ?
L’apôtre Pierre exhortait les anciens de l’église en leur rappelant que la vocation de pasteur va bien au-delà des devoirs professionnels qu’une telle fonction peut impliquer.
L’intégrité de la personne doit être évidente.
Pour être un bon berger, il faut laisser aux autres un bon exemple.
« Faites paître le troupeau de Dieu qui est avec vous, non par contrainte, mais volontairement selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais de bon cœur ; non en tyrannisant ceux qui vous sont confiés, mais en devenant les modèles du troupeau » (1 Pierre 5 : 2-4).
La préoccupation de Pierre il y a maintenant près de vingt siècles devrait être la même pour nous aujourd’hui. Il n’a pas spécialement traité des aspects techniques du ministère pastoral aussi importants soient-ils. Il a abordé un souci d’un niveau plus profond qui doit être pris en compte, à savoir l’esprit du berger, avant de s’occuper de ce qui est plus visible.
Servez-vous avec un cœur volontaire ?
Le faites-vous actuellement de tout votre cœur et avec joie ?
Ou est-ce une contrainte sous prétexte que vous ne trouvez pas un meilleur endroit où exercer votre ministère ?
Exercez-vous le ministère pastoral avec du ressentiment dans votre cœur à cause d’une amertume profonde envers certains membres de l’église ?
Exercez-vous votre ministère dans votre dénomination avec de mauvais sentiments envers l’un ou l’autre de vos collègues ?
L’efficacité du pasteur dépend de la mesure dans laquelle il saura remettre de tels problèmes dans les mains du Grand Berger en s’attendant à lui pour éclaircir et corriger toutes choses. Que cela vienne de la façon où vous vous y attendez et au moment que vous jugez opportun ne doit pas être votre préoccupation. Vous devez plutôt vous occuper de libérer votre esprit de tout ce qui peut vous empêcher de devenir le berger que Dieu veut que vous soyez.
Examinez votre cœur et ses motivations.
Il n’est pas de plus grande tentation pour un berger que de devenir un mercenaire qui ne travaille que pour le profit qu’il peut en retirer.
Et nous ne parlons pas seulement d’argent.
Évitez la convoitise, qui est une forme d’idolâtrie.
Courez vers le Grand Berger et placez devant lui, dans la repentance tout ce qui peut prendre sa place au centre de votre vie.
Même la tentation de devenir un tyran ou un dictateur, et d’être ainsi au centre de toutes choses, trouve sa racine dans l’esprit d’avarice.
Crucifiez une telle cupidité et consacrez-vous à devenir un pasteur exemplaire pour le troupeau, sans oublier qu’il est l’héritage de Dieu.
Vous aurez des comptes à lui rendre.
LE BERGER EN TANT QUE PROTECTEUR
Comme protecteur du troupeau, le pasteur doit comprendre et connaître les ennemis qui menacent l’église ; il est appelé à veiller sur elle, à la défendre, la garder, la guider et la secourir. C’est pour cela que l’apôtre Paul donna aux anciens et aux pasteurs d’Éphèse des avertissements on ne peut plus sévères :
« Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau au sein duquel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour faire paître l’Église de Dieu qu'il s'est acquise par son propre sang. Je sais que parmi vous, après mon départ, s'introduiront des loups redoutables qui n'épargneront pas le troupeau, et que du milieu de vous se lèveront des hommes qui prononceront des paroles perverses, pour entraîner les disciples après eux. Veillez donc ! » (Actes 20 : 28-31).
La présence d’ennemis attendant de se jeter sur leur proie poussait le berger oriental à garder constamment l’œil ouvert et à scruter l’horizon afin de les repérer de loin.
L’avantage du berger est qu’il sait de quel côté il peut s’attendre à voir surgir l’ennemi.
Les pasteurs doivent comprendre aujourd’hui la signification de l’avertissement de Paul.
Le berger doit être sur le qui-vive face aux attaques de l’ennemi qui est capable de surgir du sein même du troupeau comme de l’extérieur.
« Car nous n’ignorons pas ses desseins » (2 Corinthiens 2 : 11) dira Paul en parlant des manigances de Satan.
Le berger doit se rappeler que les brigands et les loups sont les mêmes dans toutes les générations.
S’ils peuvent utiliser une approche différente, leur but demeure toujours le même :
« Voler, tuer et détruire » (Jean 10 : 10).
Le vol de brebis et la destruction des églises sont des pratiques aussi vieilles que le diable lui-même. Leur cupidité les pousse à ces méfaits, allant jusqu’à anéantir le travail accompli par un autre.
Le plus tragique, c’est encore de voir des brebis innocentes trompées par l’apparence de loups vicieux qui se font passer pour des docteurs et des prédicateurs tout en déformant la vérité.
Ils se présentent subtilement et malicieusement comme de vrais leaders alors que leur véritable objectif est d’avoir leurs propres disciples derrière eux. Bien des brebis sont incapables de reconnaître un loup déguisé sous le manteau d’une brebis.
Il relève donc de la responsabilité du pasteur de veiller sur le troupeau.
L’auteur de l’épître aux Hébreux appelle les croyants à être obéissants et soumis à leurs dirigeants spirituels. En effet, il est dit de ces derniers :
« Car ils veillent au bien de vos âmes dont ils devront rendre compte » (Hébreux 13 : 17).
Le berger qui n’accepte pas de devoir rendre des comptes de son activité pastorale ne devrait pas se voir confier de responsabilité ni de privilège pastoraux.
Les pasteurs sont des veilleurs.
Restez attentifs aux manœuvres d’approche de l’ennemi. Écoutez la voix du Grand Berger qui vous dira comment vaincre l’ennemi. Le berger est un défenseur et un gardien, car les brebis sont parmi les animaux les plus vulnérables.
Le bâton et la verge du berger sont les instruments de défense qui lui permettent de protéger le troupeau (Psaume 23 : 4).
Dans son livre The Minister as Sheperd (« le pasteur en tant que berger »), Charles Jefferson a écrit :
« Nous passons beaucoup trop de temps à cajoler des brebis à moitié morte et pas assez à construire des barrières pour protéger le troupeau des loups. »
Nos enfants et les jeunes ont besoin de protection ; ils ont besoin d’hommes et de femmes qui sauront les garder de la drogue, de l’alcool, et de la perversion qui envahissent cette génération.
Les pasteurs qui s’attendent à ce que la société se charge de protéger l’église se leurrent et fuient leur responsabilité. Nos maisons et nos familles doivent être défendues contre les assauts d’une société qui a rejeté la Bible comme fondement moral.
Dans la crise présente, aucun berger ne peut se permettre de se cacher au milieu du troupeau ni de battre en retraite ; chaque berger doit plutôt se tenir aux avant-postes pour diriger et guider le troupeau.
Semblable à un troupeau, l’église ne saurait être bousculée ou malmenée ; elle doit plutôt être guidée. Par son exemple personnel et par sa prédication, le berger doit diriger l’église « dans les sentiers de la justice à cause de son nom » (Psaume 23 : 3).
La prédication dans nos églises doit aider les auditeurs à sortir des eaux troubles de l’humanisme, de la sensualité, et du matérialisme, pour faire face aux attaques de Satan contre le troupeau de Dieu.
Le berger sait passer à l’offensive en tant que leader et guide de l’église, car « les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle » (Matthieu 16 : 18).
Certains pasteurs sont devenus si professionnels qu’ils en oublient qu’ils sont appelés à s’impliquer dans une opération de sauvetage.
La tendance naturelle de la brebis à se perdre fait qu’il est d’autant plus nécessaire que quelqu’un veille sur elle.
C’est en tout cas ainsi que Jésus considérait son ministère : « Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19 : 10).
Comme notre Seigneur, puissions-nous être ceux qui protègent, veillent, cherchent, gardent, guident, défendent, et sauvent.
Non seulement l’église grandira de par les nouvelles conversions, mais aussi parce que nous n’aurons pas permis à l’ennemi de voler et tuer notre troupeau.
Nous aurons alors assumé notre rôle de protecteurs.
LE BERGER QUI NOURRIT LE TROUPEAU
Le pasteur est un berger car il a le rôle important de pourvoir aux besoins du troupeau ; c’est ainsi qu’il doit nourrir, soigner, guérir et édifier l’église (Éphésiens 4 : 11).
Si le mot grec traduit par pasteur est en fait le mot berger, la forme verbale de ce même nom est traduite par paître : « Faites paître le troupeau de Dieu » (1 Pierre 5 : 2) et « paître l’église de Dieu » (Actes 20 : 28).
Si nous voulons suivre l’exemple de Jésus, nous devons prendre au sérieux notre responsabilité de nourrir le troupeau. Ésaïe prophétisa :
« Comme un berger, il fera paître son troupeau » (Ésaïe 40 : 11).
Dans son propre ministère terrestre, Jésus montra l’exemple d’un berger qui sait marcher devant le troupeau, entrer et sortir en lui ouvrant la voie « Jean 10 : 9).
Paul exhorta l’Église en ces termes :
« Que les anciens qui président bien, soient jugés dignes d'un double honneur, surtout ceux qui prennent de la peine à la prédication et à l'enseignement » (1 Timothée 5 : 17).
Ceux qui servent l’église dans domaine de l’enseignement et de la prédication sont jugés dignes d’un double salaire. (Le mot traduit par honneur est stipend, qui signifie honneur ou rémunération »).
L’honneur doit être manifesté de façon concrète.
Le message d’Ézéchiel 34 aux bergers d’Israël nous révèle des domaines de responsabilité attribués à celui qui a été appelé à être pasteur :
(1) nourrir le troupeau,
(2) fortifier les faibles,
(3) soigner les malades,
(4) panser les brebis blessées,
(5) ramener celles qui sont égarées (v.4-5).
Ce chapitre commence par un constat navrant :
« Malheur aux bergers d’Israël, qui se repaissaient eux-mêmes ! Les bergers ne devraient-ils pas faire paître les brebis ? » (v.2).
La réponse à cette question est un « oui » franc et massif. Les bergers sont là pour nourrir le troupeau. Seul le mercenaire agirait autrement, mais pas un authentique berger.
Dans son livre mentionné plus haut, Charles Jefferson exhorte les pasteurs à considérer la prédication comme bien plus qu’une œuvre d’art. Elle doit être comprise comme un régime alimentaire constitué de nourriture solide tel que du pain et de la viande.
Le berger attentif sait comment conduire son troupeau dans des pâturages où de la nourriture équilibrée produira des brebis en bonne santé.
Le pasteur qui enfourche continuellement le même cheval de bataille ne prêchera pas un enseignement équilibré de la Parole de Dieu et mettra en péril la santé spirituelle de l’assemblée. D’autre part, notre message ne doit pas passer au-dessus de la tête de nos auditeurs.
Dans un message sur ce thème, Lemuel Ammons rappelait aux prédicateurs que si le berger fixe la mangeoire trop haute, les brebis seront incapables de l’atteindre.
Il souligna aussi l’importance de délivrer un message chaud à l’église !
Les brebis n’aiment pas la nourriture froide. Il appartient au pasteur de lutter pour prêcher revêtu d’une puissante onction allumée par le feu du Saint-Esprit. Les gens réserveront un bon accueil à de tels repas.
L’étude des épîtres pastorales révèle que le berger est responsable de trois aspects importants de la vie du troupeau : la saine doctrine, une foi saine, et une conversation saine (Tite 2).
Dans une génération marquée par l’hypocrisie religieuse, puissiez-vous combattre pour la saine doctrine.
« Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine ; mais au gré de leurs propres désirs, avec la démangeaison d'écouter, ils se donneront maîtres sur maîtres ; ils détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront vers les fables » (2 Timothée 4 : 3-4).
Un berger qui suit de tels instincts ne pourra que blasphémer le nom de Dieu et de son enseignement (1 Timothée 6 : 1).
L’enseignement et la doctrine selon Dieu sont toujours évoqués au singulier, tandis que les doctrines et les enseignements des hommes sont toujours au pluriel.
Cela souligne une différence majeure entre les deux. Il n’y a pas d’unité ni d’harmonie dans les doctrines des hommes et des démons, mais la doctrine de Dieu forme un tout harmonieux pour le bien et la bénédiction de tous ceux qui la reçoivent et y obéissent.(1 Timothée 4 : 6, 7 ; 6 : 3).
Que les pasteurs puissent entendre l’exhortation ferme de Paul :
« Veille sur toi-même et sur ton enseignement, avec persévérance. Car en agissant ainsi, tu sauveras et toi-même et ceux qui t’écoutent » (1 Timothée 4 : 16).
Vous êtes appelé à pourvoir et à faire paître le troupeau.
Entendons notre Seigneur comme Pierre a pu l’entendre :
« M’aimes-tu ? Alors sois le berger de mes agneaux et de mes brebis » (Jean 21 :15-17).
Nos maisons et nos familles doivent être défendues contre les assauts d’une société qui a rejeté la Bible comme fondement moral.
James K. Bridges est le trésorier général des Assemblées de Dieu des États-Unis à Springfield, dans le Missouri.