Source : http://www.regard.eu.org/Livre.3.Notes.Bible/Claude.Brousson/10.html
A LIRE ET A MEDITER SERIEUSEMENT....
Quel est donc votre aveuglement, misérables pécheurs?
Vous avez abandonné l'Eternel votre Dieu, vous avez renié votre Sauveur, en reniant sa sainte doctrine, vous êtes entrés dans la communion de l'impure Babylone, qui a ruiné la Jérusalem du Dieu vivant, qui a démoli ses sanctuaires, qui a aboli son saint service, qui a déchire et brûlé ses sacrées Écritures...
Vous êtes retournés dans le sein de cette Église impure et infidèle...
... Vous appréhendez de perdre vos biens, qui sont les grandes idoles de vos coeurs...
Vous appréhendez d'être enfermés pour quelque peu de temps dans une prison, où Dieu serait avec vous et vous remplirait de ses consolations et de ses grâces...
Vous ne vous souvenez pas que Jésus-Christ vous proteste dans l'Evangile, que celui qui en ce siècle voudra sauver sa vie par son infidélité, la perdra pour jamais en l'autre.
... Hâtez-vous donc, mes chers frères, de retourner à votre Dieu, et de faire votre paix avec lui, avant que ses jugements vous accablent.
Renoncez pour jamais aux abominations de Babylone, revenez dans la communion (le votre Sauveur et dans le sein de son Eglise...
Sentez bien votre misère..., implorez la miséricorde de votre Dieu, et la grâce de Jésus-Christ votre Sauveur, afin que vous soyez laves dans son sang et revêtus de sa Justice.
Promettez-lui que désormais vous lui serez fidèles... et demandez-lui sans cesse le salutaire secours de son Saint-Esprit, afin que ce divin Esprit vous éclaire, qu'il vous sanctifie. qu'il vous console...
Mais souvenez-vous que le véritable moyen d'obtenir miséricorde... c'est de reformer entièrement notre conduite.
Les Eglises de France s'étaient plongées, comme les enfants du siècle, dans une horrible corruption. C'est pourquoi Dieu a fait tomber sur elles des jugements épouvantables...
Il faut donc que nous changions entièrement de conduite, si nous voulons que Dieu ait pitié de nous.
Il faut que nous détachions nos coeurs du monde, que nous soyons humbles, modestes, sobres, chastes, sincères, équitables, clé bonne foi, ne faisant tort a personne, rendant à chacun ce qui lui est dû, ayant entre nous une sincère et ardente charité.
Que nous sanctifiions le jour du repos, en l'employant aux exercices de piété, que tous nos discours soient édifiants, et qu'en un mot nous glorifiions Dieu sans cesse et par nos pensées et par nos paroles, et par nos actions.
Alors ce grand Dieu nous reconnaîtra pour son peuple, il nous avouera pour ses enfants, il nous délivrera de tous nos maux, il nous remplira de ses grâces, et un jour il nous rendra participants de la gloire et de la félicite céleste...
(Epître à tous les réformés de France qui persévèrent encore dans leur révolte, Lettres et opuscules, p. 106. reproduite dans DOUEN, II, p. 430-439.)
Novembre 1698...
Il y a deux cent cinquante ans, l'avocat nîmois Claude Brousson rendait son âme a Dieu du fait des tortures et du supplice a lui infligés pour avoir exhorté l'Eglise sous la croix. Quelques-uns connaissent encore le nom de cet homme. Presque tout le monde ignore son existence héroïque.
En conjuguant leurs talents pour nous présenter la figure de Claude Brousson, Madame Rauzier-Fontayne et Monsieur S. Mours rendent à ce témoin de l'Evangile un hommage fervent, et ils nous convient, par là même, à éclairer notre route de l'éclat de cette vie.
La liberté de servir Dieu dans une Eglise réformée selon sa Parole a été lentement conquise, en France, par un peuple de martyrs.
Nous devons ce privilège à une fidélité qui ne signifiait rien moins qu'angoisses constantes, séparations cruelles, souffrances, galères ou prisons.
Nous ne pouvons pas oublier le prix dont lut ainsi paye l'héritage spirituel qui est notre seule richesse véritable. Nous ne pouvons pas l'oublier si nous regardons au passé. Et moins encore, si nous regardons à l'avenir.
On n'aurait pas prévu, il y a un demi-siècle, que les chrétiens de l'Europe verraient s'ouvrir à nouveau des temps où la fidélité à la Parole de Dieu signifierait l'angoisse, la séparation, l'exil, la torture et la mort lente ou violente. C'est cependant dans l'héroïque fidélité que plusieurs d'entre nous devront peut-être demain conserver à leurs enfants l'héritage qu'ils ont reçu, le trempant de leurs larmes et le scellant de leur sang.
La voix de Claude Brousson a quelque chose à nous dire.
Rien n'avait préparé cet avocat, sinon le Saint-Esprit, qui se choisit ses hommes.
Alors que le pouvoir royal prépare l'extermination de ce qu'il appelle avec mépris la Religion prétendue réformée, il faut organiser la résistance, et pour cela prendre le maquis. L'avocat s'engage dans la lutte, parcourt les campagnes, cherche des appuis à l'étranger, écrit pour relever le courage des uns, pour éclairer la conscience des autres, et, pendant des années, il mène la vie de la clandestinité la plus dangereuse. Sa tête est mise à prix, son signalement affiché dans toutes les provinces. Cent fois il échappe de justesse, se cache dans des grottes, dans des puits, sur les toits, et toujours tient des assemblées interdites et console l'Eglise sous la croix.
Un avocat, défenseur des évangéliques, est ainsi devenu prédicant de l'Evangile. C'est un avertissement pour nous à ne pas contrecarrer les choix imprévus de l'Esprit qui fait vivre l'Eglise. On peut toujours objecter qu'on n'est pas préparé pour les tâches de l'Eglise, quand Dieu les propose, et c'est plus facile souvent de s'en tenir à ce refus motive. Tout comme c'est aussi plus facile pour ceux qui sont responsables du bon ordre dans l'Eglise, de contester les vocations exceptionnelles et de les faire rentrer dans le rang...
Aux uns et aux autres, la voix de Claude Brousson quelque chose a dire.
Novembre 1948... L'actualité de Claude Brousson n'est pas celle d'une vie aventureuse et héroïque, qui parle à l'imagination.
C'est l'actualité d'un confesseur de l'Evangile, qui parle à l'Eglise de sa fidélité d'aujourd'hui et de demain.
Franz J. LEENHARDT